Sunday, November 09, 2008

Philippe-Aubert Gauthier :: Public presentation of a new sound track :: Centre de photographie actuelle VU

A new sound piece (6 channels) for the project "Fréquences urbaines" (Karine Côté) will be presented from November 14th to December 14th at VU (Québec City, Canada). More information below.

Karine Côté / Fréquences urbaines

Karine Côté enregistre la nuit des vues de différentes villes en vidéo. Ces paysages nocturnes constituent la base de panoramiques photos parsemées de points lumineux. L’artiste traduit ces images en négatif, faisant d’elles d’impressionnantes portées qui génèrent une musique électro-acoustique. Les pièces — visuelles et sonores — reflètent la densité et le caractère distinct des centres urbains choisis. Certains panoramas sont plutôt géométriques et leurs pendants musicaux rythmiques. D’autres sont inévitablement moins rationnels ou cohérents, évoquant davantage une déraison propre aux longues insomnies.

Détentrice d’une maîtrise en arts de l’Université du Québec à Chicoutimi, Karine Côté vit à Alma. Elle a été à l’emploi du centre Sagamie de 2001 à 2008. Elle exposera Fréquences urbaines dans plusieurs centres d’artistes du Québec en 2008-2009, dont Le Lobe à Saguenay, Langage Plus d’Alma et HORACE de Sherbrooke. Son travail sera également présenté en France et en Allemagne prochainement.

Fréquences urbaines est présentée dans le cadre de Vidéaste Recherché•e, un événement de La Bande Vidéo.

=================================/
Pièce de Philippe-Aubert Gauthier
/================================

La pièce trouve son origine dans l'idée de placer en contraste un aspect déterministe avec un autre indéterministe et improvisé.

L'axe déterministe est issu d'un balayage progressif, de gauche à droite, de la photographie numérique de Karine Côté. À chaque instant où le balayage croise un point lumineux, une note est émise, à l'image d'une petite boîte à musique qui produit des notes avec de courtes languettes de métal. Selon la hauteur du point dans l'image, des notes de hauteurs correspondantes sont produites. Une fine et mystérieuse mélodie est alors produite. L'utilisation d'une référence aux boîtes à musique, tant sur le plan sonore que visuel (on peut faire l'analogie des images de K. Côté avec les cylindres métalliques des dites boîtes à musique, voire les partitions musicales occidentales) renforce aussi le côté nocturne, et tranquille, de la pièce. La lecture de l'image est accompagnée d'un bruit de mécanisme qui suit le taux de lecture de l'image numérique : un peu comme celui des boîtes à musique mécaniques, non sans rappeler le seul son audible de l'horloge mécanique en pleine nuit. En utilisant une pareille approche, je voulais créer une composition dont la densité des évènements était proche de la densité des points des images de K. Côté.

L'aspect indéterministe représente l'agitation et le tapage nocturne de la ville, centre nerveux de la société et de bon nombre d'activités débridées. C'est ainsi qu'une seconde trame sonore est placée en contradiction avec la tranquilité de la première trame. Cette trame d'agitation est basée sur l'altération improvisée de bruits de voiture, de véhicules et d'avertisseurs électroniques de toutes sortes. Le couplage de ces deux aspects est simple : la trame de bruit, agitée, n'est audible que lorsque la première trame décrite plus tôt émet une note. C'est donc la trame nocturne de la tranquilité qui agit comme un filtre sur la seconde trame, improvisée, qui n'est pas toujours audible. Le couplage de ces deux trames agit aussi sur la spatialisation : à chaque fois que la trame de la boîte à musique chute sous un certain niveau sonore (moment qui correspond aussi à l'arrêt de la trame de bruit) un bref grincement est émis et tous les signaux sont redigés vers une nouvelle paire de haut-parleurs. C'est donc dire que même si tous les haut-parleurs sont utilisés pendant la pièce, seuls deux haut-parleurs sont utilisés simultanément pour projeter la trame musicale et la trame bruyante.

En plus de ces deux trames, la composition comporte un vrombissement à 60Hz accompagné de ses harmoniques qui se baladent librement sur les cinq haut-parleurs par une variation aléatoire. La spatialisation de ces harmoniques se base sur l'algorithme classique du VBAP (Vector-Based Amplitude Panning) en trois dimensions. On rappel que l'électricité est distribuée à une fréquence de 60Hz au Québec. Cette tonalité fait partie prenante des paysages sonores du Canada. Et dans la mesure où toutes les photographies de la série Fréquences urbaines existent grâce à l'éclairage électrique des routes, l'omniprésence de l'électricité et de sa tonalité devait trouver sa place dans cette composition sonore.

Dans cette ligne de pensée, le choix des matériaux sonores (tonalité à 60Hz, voitures, avertisseurs électroniques) n'est pas anondin. C'est en fait une proposition plus conceptuelle sur l'état du paysage sonore urbain moderne qui, quoi que l'on en dise, est essentiellement dominé par les bruits de véhicules, de machines électriques, d'alarmes et d'avertisseurs. Domination qui mène à une uniformisation marquée, sorte de globalisation sonore, des paysages urbains qui sont maintenant liés au transport et à l'électricité.

L'ensemble de la composition est constitué de sons de synthèse : aucun son ne provient d'enregistrements. Toute la trame est produite dans un projet Pure-Data produit spécifiquement pour cette série de pièces.